« Il doit prendre son temps », « chacun évolue à son rythme »,
« il fait tout trop rapidement», « il est trop lent »…

Lorsque nous évoquons le développement psychomoteur de l’enfant, les notions de temps et de rythme sont centrales. Mais tandis que nous, adultes, avons bien intégré ce qui se cachait derrière ces mots que nous utilisons couramment, qu’en est-il pour les enfants ?

Ces notions de temps ou de rythme ne sont pas innées. En effet, bien qu’il existe un temps objectif universel : les années, les mois, les heures, les secondes…, nous y sommes tous confrontés depuis notre plus jeune âge, et selon nos expériences de vie, nous en avons chacun fait notre propre représentation.

Cela permet de comprendre pourquoi la perception et le rapport au temps qui passe, à la durée, sont si subjectifs et différents d’une personne à une autre. Il en est de même pour le rythme ; nous avons chacun un tempo spontané influencé en permanence par notre état affectif, psychologique, émotionnel, mais également par le tempo environnant.

La perception, l’intégration puis la structuration temporelle et rythmique sont essentielles à chaque étape de la vie. Par exemple, lorsque nous réalisons un geste, nous coordonnons plusieurs segments corporels entre eux, c’est-à-dire en même temps. Autre exemple, il est essentiel pour un enfant de suivre le rythme de la classe. Tout est question de rythme : la parole et donc la lecture, l’écriture, les apprentissages en général… cela permet l’adaptation sociale et la communication avec les autres, et cela peu importe notre âge.

Ainsi, dès bébé, nous avons été confrontés à des temps et des rythmes internes et externes (provenant de nos interactions avec les autres). Il est alors possible pour les parents de stimuler spécifiquement leur bébé,  car l’appréhension du temps et du rythme s’établit progressivement à partir des expériences archaïques sensorielles, motrices, et relationnelles.

 

Durant ses six premiers mois de vie, le bébé est totalement dépendant des réponses que ses parents apportent à ses sollicitations. En effet, lorsqu’il pleure, il attend que le soin apporté par son parent réponde à son besoin physiologique inhérent. Les soins doivent toujours être faits de la même manière, dans le même ordre pour lui permettre de les intégrer, les mémoriser, les anticiper et se sécuriser physiquement et psychiquement. Il pourra ainsi supporter les temps d’absence du parent lorsqu’il est calme et apaisé. Ces temps sont tout aussi importants car ils lui permettent d’éprouver les différents ressentis de bien-être ou de mal-être, et ainsi mettre petit à petit du sens sur ses différents vécus corporels et se percevoir en tant qu’individu.

Le rythme est un organisateur psychocorporel, et l’importance de ces alternances de présence/absence est qu’elles constituent la toute première expérience rythmique du nourrisson.

 

Exemples de stimulations réalisées naturellement par les parents à leur bébé :

  • Le parler bébé : ce discours court et répétitif permet l’intégration d’un certain rythme pour l’enfant. Attention toutefois à varier régulièrement votre discours en fonction du développement de votre enfant afin de toujours stimuler son intérêt.
  • Les comptines : elles permettent également de par les répétitions de mots et de mouvements associés, de structurer et donner un rythme à l’enfant. De plus, cela stimule les premiers schèmes moteurs (coordinations/dissociations du haut et du bas du corps, nécessaires à tous les niveaux d’évolution motrice)

Le temps est d’abord un éprouvé corporel avant d’être intellectualisé, et petit à petit,  l’enfant passe d’un temps vécu à un temps perçu ; il devient acteur, il peut contrôler son temps, son rythme, commencer à ordonner les objets entre eux, apprendre à patienter s’il est suffisamment sécure, adopter un certain rythme éveil/sommeil…  et ainsi adopter progressivement les codes sociaux.