La mémoire « tactile » s’inscrit dans le groupe des mémoires perceptives, c’est-à-dire celles qui dépendent des stimulations sensorielles détectées par les organes des 7 sens.
D’où vient la mémoire tactile ?
La mémoire tactile commence à se constituer in utéro par la mise en action des premiers capteurs sensoriels tactiles autour de la bouche (7ième semaine de grossesse). Vers la 11e semaine, des récepteurs tactiles occupent tout le visage, la paume des mains et la plante des pieds. À partir de la 20ième semaine de grossesse, c’est l’ensemble du corps du fœtus qui réagirait aux stimuli tactiles.
Durant cette période prénatale, le fœtus commence à collecter des informations tactiles prélever dans le milieu dans lequel il évolue et les stocks dans une partie de la mémoire perceptive allouée aux perceptions tactiles. Ces expériences sensorielles vont constituer des souvenirs stockés de manière consciente ou inconsciente dans la mémoire perceptive.
Ces souvenirs peuvent être de l’ordre d’une sensation agréable ou non. Dans le cas d’une expérience agréable et positive le bébé une fois né, pourrait aller rechercher cette expérience positive. Ainsi un fœtus, enveloppé pendant 41 semaines par le liquide amniotique et placé dans l’environnement sécurisant du ventre maternel, retrouvera une sécurité lors d’un bain enveloppé après sa naissance. Le corps du bébé exposé à ce bain se remémore ses expériences vécues in utéro et parvient à s’apaiser comme il l’était dans le ventre de sa maman.
Dans l’utérus, le bébé est d’ailleurs exposé à plusieurs sensations tactiles. Il bouge dans tous les sens. Il aime se blottir et frotter son nez contre la paroi du sac amniotique, un peu comme les enfants le font avec un doudou. Il sent également les contractions utérines et les pressions exercées sur le ventre de sa mère. C’est ainsi que le bébé découvre son corps et l’environnement dans lequel il baigne. Il suce son pouce et joue avec son cordon ombilical ou avec ses pieds. Le fœtus commence à se construire une enveloppe corporelle harmonieuse en identifiant les limites de son corps, ses repères seront eux aussi stockés en mémoire afin que l’enfant les fasse évoluer au cours de sa vie.
Comment enrichir cette mémoire ?
La mémoire tactile comme toutes les autres s’enrichit au fil des expériences de l’enfant ainsi il est bon d’exposer son enfant même nouveau-né à diverses expériences tactiles, reproduire celles vécues in-utéro mais aussi en créer de nouvelles au travers de nouvelles expériences (massages, manipulation d’objets aux caractéristiques de textures, formes et matières différentes).
Ainsi pour les plus jeunes entre 0 et 1 an, les activités de manipulation (balles sensorielles, jouets texturés.), mais aussi les gestes de tendresse (câlins, bains et massages) enrichiront la mémoire perceptive et solliciteront pour certains les souvenirs vécus auparavant.
Pour les enfants âgés de 2ans et +, il conviendra de conserver les comportements de tendresse et de contacts physiques selon les besoins de chaque enfant. Mais vous pourrez également commencer à proposer les ateliers « patouilles » pour tout enfant qui ne met plus spontanément à la bouche (sable, farine, fécule…). Ses ateliers peuvent se pratiquer avec les mains comme avec les autres parties du corps.
La construction d’un répertoire de ressentis tactiles passent par la multiplicité des expériences, leur répétition et leur encodage en mémoire.
Chez les plus grands, afin de solliciter cette mémoire tactile et qu’elle reste performante il peut être intéressant de pratiquer des jeux sensoriels dans lesquels les joueurs sont amenés à reconnaitre des objets seulement à l’aide du toucher. Cela nécessite de fermer les yeux ou cacher à la vue l’espace de manipulation (boîte surprise).
Pourquoi est ce important de nourrir et entrainer la mémoire du toucher ?
Cette mémoire comme toutes les mémoires perceptives participent à la construction du fonctionnement sensoriel et corporel d’un individu. Au travers des expériences sensorielles vécues et des souvenirs issus de ses expériences un individu se créée une identité, un « profil sensoriel ». Ce profil est propre à chacun, il permet à toute personne d’évoluer dans son environnement en traitant les informations sensorielles qui le constitue, et en émettant ensuite des réponses comportementales et / ou émotionnelles aux informations relevées.
Une personne exposée à des stimulations tactiles régulièrement, en répétant ses expériences sera en mesure de se désensibiliser à certaines stimulations.
La désensibilisation permet à une personne ne pas répondre trop intensément à toutes les stimulations auxquelles elle est exposée en permanence. L’hypersensibilité peut être particulière impactante au quotidien car quand elle est majeure elle peut nuire aux contacts sociaux, à une construction psychocorporelle stable, à certains loisirs …
Par exemple, un enfant avec une hypersensibilité tactile ne supportera pas ou peu le contact physique avec ses pairs il pourrait alors être mis à l’écart du groupe et dons s’isoler des contacts sociaux pourtant nécessaires à son intégrité psychocorporelle.
Ainsi, n’hésitez pas à exposer très tôt les enfants aux expériences de stimulation tactile, nourrissez leur répertoire sensoriel pour qu’ils alimentent leur mémoire perceptive.
Si bien que par la suite, ils puissent se construire dans leur corps et au sein de l’environnement.