Dans notre vie quotidienne, nous construisons une compréhension de notre environnement et de nous-même au travers de nos expériences et ce dès notre plus jeune âge. Pour pourvoir planifier des actions, nous mettre en mouvement, apprendre… notre cerveau s’appuie sur les interactions de notre corps avec notre environnement.
Dès le plus jeune âge, le bébé développe la connaissance de son corps et progressivement, sa motricité devient de plus en plus volontaire et contrôlée. Le développement de sa motricité va lui permettre petit à petit d’agrandir ses explorations sensori-motrices et ainsi de nourrir ses interactions avec son environnement. Ces expériences sensorielles, motrices, émotionnelles entre autres, vont être un prérequis pour son développement psychomoteur, cognitif et social.
Piaget nomme cette période fondée sur la découverte et les expériences sensorielles et motrices : l’intelligence « sensori-motrice ». Il la situe approximativement de la naissance aux 2 ans de l’enfant. L’intelligence du bébé est donc d’abord celle de « la sensorialité » et rapidement celle «la sensori-motricité », de l’action. Il est donc difficile d’envisager le fonctionnement de notre cerveau sans le mettre en lien avec notre corps et nos émotions. L’enfant entre ensuite dans un nouveau « stade », l’intelligence conceptuelle, où il pourra de plus en plus développer ses capacités de raisonnement.
Comment cela se passe-t-il au niveau du cerveau de l’enfant ?
Notre cerveau nous permet de penser, de construire, d’agir, de mettre du sens sur nos sensations et nos émotions.
La construction du cerveau se fait très tôt pendant la grossesse. Très rapidement, un très grand nombre de neurones se crée (on retrouvera entre 86 et 100 milliards de neurones pour le cerveau d’un adulte !) mais ceux-ci ne sont pas encore connectés les uns avec les autres. A la naissance, l’enfant possède un stock important de neurones. Les connexions entre ces neurones (que l’on appelle synapses) vont alors se faire au travers des expériences sensori-motrices de l’enfant. Et il s’en fait 700 à 1000 par secondes !!
Ces connexions vont se produire tout au long de la vie mais avec une intensité particulière pendant l’enfance : ces périodes sont appelés « périodes sensibles » ou « fenêtres d’opportunité ». A chaque expérience, de nouvelles connexions s’établissent ou se réorganisent. C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale et l’élagage synaptique.
Nous mesurons ainsi l’immense rôle que jouent les parents, et toutes les personnes qui s’occupent de l’enfant, dans les interactions qu’ils vont pouvoir permettre avec le monde extérieur. Le cerveau de l’enfant, en cours de maturation va se nourrir et s’imprégner de l’environnement que l’on va lui offrir. Ces expériences de son quotidien vont nourrir ses compétences sociales et émotionnelles (expression des émotions, empathie) et cognitives (manipuler, langage, mémoriser, raisonner, planifier, inhiber…).
Le savez-vous ?
L’accompagnement parental dans les découvertes de l’enfant, dans ses explorations sensori-motrices, dans les jeux lui permettront de développer de nouvelles connaissances sur le monde qui l’entoure. Cela lui permettra entre autres, de mettre des mots sur ce qu’il expérimente, mais aussi d’explorer librement et en sécurité son environnement (connaissance des objets, évaluation des formes, des poids, des textures, émotions qui en sont liées…).
L’enfant pourra au fur et à mesure de son développement anticiper certaines de ses actions, tester de nombreuses stratégies pour trouver celle qui lui correspond et qui est adaptée au mieux à l’action qu’il cherche à réaliser.
Le développement du système cognitif est donc étroitement en lien avec le développement psychomoteur, la maturation du système nerveux et des émotions, mais aussi des relations et interactions sociales que l’enfant tisse avec son environnement.
En pratique, à la maison
– Il est important de tenir compte des aptitudes personnelles de l’enfant, de l’observer dans son développement et dans ses découvertes sensori-motrices.
– Lui offrir des occasions d’explorer, de répéter des expériences afin d’éveiller sa curiosité dans la découverte de son environnement
– Lui donner la possibilité d’expérimenter, de se tromper, de trouver de nouvelles façons de faire. L’adulte pourra ainsi accompagner l’enfant pour qu’il trouve des moyens d’y parvenir seul, de l’aider à prendre conscience de ses réussites et de ses découvertes
– Verbaliser avec lui ce que vous observez, les émotions que cela peut créer : ainsi l’adulte aide l’enfant à découvrir ce qu’il fait, le prévenir de ce qui va se produire ou ce que l’on est en train de faire et l’enfant pourra donc anticiper davantage les événements.
Ainsi, toutes les interactions de l’enfant avec son environnement, les adultes qui l’accompagnent, les enfants avec lesquels il joue, les jeux et les situations qu’il expérimente permettront d’agrandir considérablement son champ d’exploration et donc de connaissance du monde qui l’entoure.